Dernière minute
Société
" Ne sois pas effrayé par la mort, sois plutôt effrayé par une vie non vécue ". La rue nous surprend avec cette belle citation à connotation philosophique dont l'auteur est anonyme. Cette assertion signifie qu'il est plus regrettable de passer à côté de sa vie que d'en craindre la fin…
Culture
Forum éco
Enjeux de l’heure
L'ancien président de l'Assemblée nationale, Aubin Minaku, a réagi le samedi, au cours d'une conférence de presse à Kinshasa, aux propos récents du président Félix Tshisekedi face à la diaspora,…
Étranger
Dans le cadre d'une descente sur le terrain organisée par le Centre de communication de presse internationale de Chine (CIPCC), une délégation de journalistes africains francophones et anglophones…
Nation
La Police nationale congolaise (PNC) de Beni entend frapper un grand coup contre la criminalité urbaine. Ce mardi 28 octobre, plusieurs présumés bandits armés arrêtés ces dernières semaines seront…
A l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe s'engage à "n'entraver aucune démarche" des pétitionnaires
*Dans la foulée, une commission spéciale annoncée pour examiner les pétitions visant le Speaker de la Chambre basse et son bureau.
L'Assemblée nationale s'apprête à entrer dans une phase décisive de turbulences politiques. À la suite du dépôt des pétitions le 15 septembre dernier, visant cinq des sept membres du bureau de la chambre basse du Parlement, une plénière a été convoquée ce mercredi 17 septembre 2025 par le premier vice-président, Jean-Claude Isaac Tshilumbayi.
Cette séance aura pour objectif principal la mise en place d'une commission spéciale et temporaire, chargée d'examiner lesdites pétitions. Composée d'un délégué de chaque groupe parlementaire, cette commission aura pour mission de vérifier la recevabilité des textes et d'en présenter le rapport à la plénière. Ce rapport, une fois débattu, sera soumis au vote à bulletin secret afin de statuer sur la déchéance ou non de chaque membre du bureau mis en cause.
Les pétitions concernent le président Vital Kamerhe, le rapporteur Jacques Djoli, la rapporteure adjointe Dominique Munongo, la questeure Chimène Polipoli et la questeure adjointe Grâce Neema. Seuls Tshilumbayi et Christophe Mboso ont été épargnés dans cette vague de contestation.
Kamerhe serein
et légaliste
Face à cette situation inédite, Vital Kamerhe a choisi la sérénité et la voie légaliste. Après avoir officiellement réceptionné les pétitions des mains du secrétaire général de l'Assemblée nationale, le président de la chambre basse a promis de ne faire "aucune obstruction" à ce processus.
"Nous n'allons faire aucune obstruction à une démarche qui est légale. Et donc, nous allons poursuivre avec cette démarche pour préserver d'abord l'image et le prestige de notre institution", a-t-il déclaré.
L'élu de Walungu, visiblement calme, a rappelé que le dépôt d'une pétition ne signifiait pas "un arrêt de mort", mais plutôt un exercice normal de la démocratie parlementaire. "Une pétition ne veut pas dire l'arrêt de mort. Nous allons respecter scrupuleusement le règlement intérieur", a-t-il insisté.
Rentrée parlementaire, arène des tensions
Dans la foulée, Kamerhe a réuni les membres du bureau, avant que Tshilumbayi ne convoque la plénière de ce mercredi. Celle-ci devrait marquer le véritable point de départ de la procédure, qui pourrait redessiner l'équilibre politique au sein de l'Assemblée nationale.
La rentrée parlementaire de septembre, habituellement marquée par la solennité de l'ouverture de session, s'est transformée cette année en une véritable arène de tensions, où la politique congolaise se donne en spectacle dans toute sa complexité.
Vital Kamerhe, président de l'Assemblée nationale, se retrouve au centre de la tempête. Un vent de fronde, matérialisé par des pétitions initiées par plusieurs dizaines de députés nationaux, menace son fauteuil et met à l'épreuve la cohésion de la majorité parlementaire acquise autour du président Félix Tshisekedi.
Lundi 15 septembre, à peine la plénière terminée, des élus pétitionnaires quittent l'hémicycle d'un pas décidé. Leur destination : le cabinet de Vital Kamerhe. Dans leurs mains, un document explosif, fruit de plusieurs jours de mobilisation et porteur d'un message clair : ils exigent la déchéance du président de l'Assemblée nationale et de certains membres de son bureau.
Mais, une fois arrivés devant les bureaux de Vital Kamerhe, les pétitionnaires se sont heurtés à des portes closes. Tout était verrouillé, donnant l'impression d'une barrière symbolique dressée sur leur chemin.
Cependant, selon les explications fournies par le speaker de l'Assemblée nationale, ils se seraient présentés après 15 heures, heure officielle de fermeture, alors que le bureau les avait attendus toute la journée.
Tshilumbayi dans
les bonnes grâces des pétitionnaires
L'instant est tendu, presque théâtral. Un huissier de justice, requis pour valider la procédure, attend sur place. Les pétitionnaires insistent : les textes doivent être déposés ce jour-là, pas plus tard. Finalement, c'est le premier vice-président, Isaac Tshilumbayi, qui réceptionne les documents au nom du bureau.
Ce n'est pas un geste isolé. Les pétitions, selon leurs initiateurs, ont déjà recueilli plus de 200 signatures, largement au-dessus du seuil requis pour leur recevabilité. Le message est sans ambiguïté: le Bureau Kamerhe est désormais sérieusement contesté de l'intérieur.
Les griefs des pétitionnaires : entre accusations et frustrations
Les initiateurs des pétitions, parmi lesquels le député Crispin Mbindule, membre de l'UDPS-Tshisekedi et ancien de l'UNC de Kamerhe, ne mâchent pas leurs mots. Ils dénoncent une série de dysfonctionnements qu'ils imputent directement à la gestion du président de l'Assemblée nationale et de son équipe.
"Gestion opaque des finances", "vote des lois dans la légèreté", "retard ou blocage des moyens de contrôle parlementaire", "non prise en compte de la situation sociale des députés" : les griefs sont lourds et traduisent un malaise profond au sein de la Chambre basse.
Derrière ces accusations, se dessine aussi une frustration latente d'une partie des députés qui estiment ne pas être associés aux grandes orientations ni bénéficier de l'attention qu'ils jugent légitime. La crise prend alors une double dimension : d'un côté, un conflit institutionnel lié à la gouvernance interne de l'Assemblée ; de l'autre, un affrontement politique plus large autour de l'influence et du poids de Vital Kamerhe au sein de la majorité.
Kamerhe joue la carte de l'apaisement
Conscient du danger qui le guette, Vital Kamerhe ne choisit pas la confrontation. À l'ouverture de la session ordinaire de septembre, il se présente à ses collègues, non pas en chef contesté, mais en rassembleur. Dans son discours, plein de références personnelles et de souvenirs politiques, il convoque l'épisode de 2007, lorsque sa carrière avait déjà été brisée par la perte du perchoir à cause de son opposition aux opérations conjointes RDC-Rwanda contre les FDLR au Nord-Kivu.
"Ma trajectoire personnelle porte le témoignage de mon engagement patriotique. Toute ma carrière a été consacrée à servir le peuple", déclare-t-il. Fidélité, loyauté, patriotisme : les mots sont choisis avec soin. Kamerhe rappelle que son conflit avec le Rwanda lui avait déjà coûté le perchoir. Sa loyauté envers la nation et désormais envers Félix Tshisekedi reste intacte, insiste-t-il.
Puis, vient le passage le plus marquant : sa demande de pardon. "Ne suis-je pas celui que vous appelez affectueusement le pacificateur ? Aujourd'hui encore je serai pacificateur jusqu'au bout". Le président de l'Assemblée tend la main à ses collègues, les conjurant de pardonner ses éventuelles maladresses, et promet de tenir compte des revendications exprimées.
Parmi ses annonces, la création d'une académie parlementaire en partenariat avec l'École nationale d'administration (ENA), destinée à renforcer la formation des élus. Un geste destiné à apaiser surtout les jeunes députés, souvent en quête de reconnaissance et de meilleures perspectives d'accompagnement institutionnel.
L'UDPS décidée à bousculer l'allié encombrant?
Mais malgré cette posture d'humilité et de réconciliation, le feu de la contestation ne s'éteint pas. Les pétitionnaires redoublent d'efforts et visent désormais un objectif stratégique : obtenir le soutien de l'UDPS, première force politique de la majorité et parti présidentiel.
Le 10 septembre, une rencontre a lieu avec Augustin Kabuya, secrétaire général du parti. Les initiateurs des pétitions expliquent que leur démarche ne peut aboutir sans l'aval de l'UDPS. Kabuya écoute, promet de consulter Félix Tshisekedi en tant que président de la République et chef du parti. Dans les coulisses, chacun comprend que l'avenir de Kamerhe se joue désormais dans les salons feutrés de la Présidence.
L'UDPS se retrouve ainsi dans un rôle d'arbitre silencieux, mais décisif. Son choix pèsera lourd : soit elle soutient Kamerhe, renforçant son ancrage au perchoir malgré la fronde ; soit elle donne son feu vert à la contestation, et c'est alors la chute quasi inévitable de l'allié encombrant.
Un martyr pour
la cause nationale?
La situation actuelle réveille inévitablement les souvenirs de 2007. À l'époque, Kamerhe avait dû quitter la présidence de l'Assemblée nationale après avoir publiquement critiqué la décision du gouvernement congolais de collaborer militairement avec le Rwanda. Après son départ, il laissait l'image d'un homme prêt à payer le prix de ses convictions.
Dix-huit ans plus tard, l'histoire semble se répéter, mais dans un contexte radicalement différent. Cette fois, ce ne sont pas les choix de politique étrangère qui fragilisent Kamerhe, mais la gestion interne d'une institution. Ses adversaires l'accusent moins de trahison que de centralisation du pouvoir et d'opacité.
Mais, paradoxalement, c'est précisément ce passé de martyr politique que Kamerhe mobilise pour plaider sa cause. En se présentant comme un homme loyal, resté fidèle à la République, malgré les épreuves, il tente de se donner une stature morale supérieure à la mêlée politicienne.
Ézéchiel Monteirious MONTEIRO