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À Pékin, des journalistes africains découvrent la puissance de la médecine traditionnelle chinoise
Dans le cadre d'une descente sur le terrain organisée par le Centre de communication de presse internationale de Chine (CIPCC), une délégation de journalistes africains francophones et anglophones a plongé au cœur de l'un des chapitres les plus marquants de l'histoire médicale contemporaine. Il s'agit de la médecine traditionnelle chinoise et de l'œuvre scientifique de la chercheuse Tu Youyou, prix Nobel de médecine 2015 pour sa découverte de l'artémisinine, le médicament antipaludique le plus efficace au monde. C'était le 24 octobre à Pékin, capitale de la République populaire de Chine.
La visite a débuté au Musée de la Médecine traditionnelle chinoise, situé à Pékin, sur le site même où la scientifique a travaillé pendant plusieurs décennies. C'est là que sont exposés sa médaille et son certificat Nobel, ainsi que les archives du "Projet 523", lancé en 1967 par Mao Zedong pour développer un traitement capable d'endiguer le paludisme. À l'époque, la maladie frappait durement les soldats chinois engagés dans la guerre du Vietnam et résistait déjà aux traitements à base de quinine et de chloroquine.
ENTRE SCIENCE MODERNE ET SAVOIR ANCESTRAL
Tu Youyou, formée à la fois en pharmacologie moderne et en médecine traditionnelle, fut l'une des premières à retourner vers les textes médicaux anciens pour y chercher de nouvelles pistes thérapeutiques. Elle étudie plus de 600 plantes et revisite notamment un traité du IV? siècle du philosophe Ge Hong, qui mentionne l'extraction du principe actif du qinghao (armoise annuelle) sans ébullition, une méthode qui préserve les substances actives. C'est cette intuition décisive qui mènera à l'identification, en 1972, de l'artémisinine.
Aujourd'hui, ce médicament demeure le traitement de première ligne recommandé par l'OMS contre le paludisme. Son usage a permis de sauver des millions de vies. Il s'agit d'ailleurs du premier médicament d'origine chinoise à avoir acquis une reconnaissance mondiale incontestée en Occident comme en Afrique.
Au-delà de l'histoire de Tu Youyou, la délégation africaine a également découvert l'Institut de Materia Medica (IMM), fondé en 1955, premier institut national dédié à la médecine traditionnelle chinoise. Doté de 17 centres de recherche et de plateformes couvrant toute la chaîne scientifique de la plantation d'herbes à la mise sur le marché des médicaments, l'institut a déjà mis au point 33 nouveaux médicaments, dont la dihydroartémisinine, largement utilisée sur le continent africain.
LA CHINE SANS PALUDISME
L'IMM est aussi l'un des rares centres de recherche en Asie à collaborer directement avec l'OMS. Il mène aujourd'hui plus de 500 projets scientifiques, dont plusieurs partenariats avec l'étranger, notamment en Tanzanie, où un programme conjoint sur les antipaludiques se poursuit jusqu'en 2027.
La délégation a été particulièrement marquée par la dimension diplomatique et humanitaire associée à ces avancées médicales. Dans les années 1990, l'artémisinine et ses dérivés faisaient partie des cadeaux diplomatiques offerts par les dirigeants chinois lors de visites officielles en Afrique, symbole d'une coopération sanitaire Sud-Sud. Depuis 2021, la Chine est devenue officiellement un pays sans paludisme, un succès reconnu par l'OMS, et qu'elle ambitionne aujourd'hui de partager avec les nations encore touchées, notamment en Afrique centrale et orientale.
Plus encore que son prix Nobel, l'héritage de Tu Youyou réside dans la réhabilitation de la médecine traditionnelle comme source légitime d'innovation scientifique. Elle a démontré qu'un patrimoine thérapeutique local, lorsqu'il rencontre la rigueur du laboratoire moderne, peut se muer en une solution salvatrice pour le monde entier.
Pour les journalistes africains présents sur place, cette visite intervient dans un moment charnière où les pays africains cherchent, eux aussi, à valoriser leurs pharmacopées traditionnelles.
L'expérience chinoise prouve qu'une médecine issue de la tradition peut être transformée en filière industrielle crédible, validée scientifiquement et érigée en instrument de souveraineté sanitaire.
Christian-Timothée MAMPUYA depuis Pékin en Chine