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CRISE DE LEADERSHIP A L'UDPS : La réunion autour de Fatshi n'a pas suffi à réconcilier Bizibu et Kabuya
La querelle interne qui secoue l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS/Tshisekedi) refuse de s'éteindre, malgré l'implication directe du président de la République et chef du parti, Félix Tshisekedi. Le conflit ouvert entre Augustin Kabuya et Déo Bizibu Balola autour du poste de secrétaire général continue d'alimenter tensions, méfiances et rivalités à l'intérieur de la formation présidentielle.
La nuit du 19 au 20 septembre a été marquée par une rencontre historique sous la présidence de Félix Tshisekedi, réunissant Augustin Kabuya et Déo Bizibu Balola. Objectif affiché : éteindre l'incendie qui couve au sein de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS/Tshisekedi). Mais la flamme des tensions entre les deux responsables continue de vaciller, malgré les bons offices du chef de l'État.
La médiation présidentielle a été rapide mais délicate. Selon le compte rendu officiel, Kabuya devait conserver son poste de secrétaire général, assisté par Bizibu en qualité de secrétaire général a.i., jusqu'au congrès extraordinaire programmé en décembre 2025. L'intention était de créer une cohabitation temporaire, permettant de maintenir la cohésion et d'éviter l'implosion du parti à quelques mois de rendez-vous politiques cruciaux.
Pourtant, dès le lendemain, l'Exécutif national dirigé par Bizibu a publié un communiqué qui ne laissait aucune ambiguïté : Déo Bizibu est présenté comme "secrétaire général a.i. " tandis que Kabuya est qualifié d'"ancien secrétaire général ". Le camp Bizibu insiste sur la nécessité d'une " remise et reprise officielle " et se félicite de l'audience accordée par la Haute autorité de référence du parti. Une manière subtile de rappeler que, selon eux, la légitimité de Kabuya est contestée.
De son côté, Augustin Kabuya a choisi un registre plus conciliant, publiant sur sa page Facebook un message appelant à l'unité. Il reconnaît les " turbulences " qui ont freiné la progression du parti et affirme avoir décidé avec Bizibu de " tourner la page sombre " des divisions internes. Il présente ses excuses à ceux qui se sont sentis offensés et pardonne à ceux qui l'ont attaqué.
Mais derrière cette posture d'apaisement, la rivalité reste vive. Les partisans de Bizibu considèrent toujours leur leader comme le véritable détenteur du secrétariat général. De leur côté, les directives présidentielles insistent sur la coexistence des deux hommes jusqu'au congrès. Cette ambiguïté nourrit un climat de méfiance et de spéculation, tant à l'intérieur du parti que sur les réseaux sociaux, où chaque camp mobilise ses soutiens.
Cette apparente réconciliation est intervenue au lendemain d'une rencontre décisive, tenue dans la nuit du 19 au 20 septembre à la Cité de l'Union africaine, sous la houlette de Félix Tshisekedi. Autour de la table, plusieurs figures de l'UDPS : Peter Kazadi, Jacquemain Shabani et Jean-Claude Tshilumbayi. Selon le compte rendu, le président de la République avait tranché en faveur d'une coexistence : Kabuya conserverait son poste de secrétaire général, assisté par Bizibu, jusqu'au congrès de décembre.
Pourtant, la médiation présidentielle n'a pas suffi à apaiser les ardeurs. Dans une nouvelle déclaration, les proches de Bizibu réaffirment qu'il est désormais le secrétaire général " ad interim" et exigent une "remise et reprise officielle " avec Kabuya. Ils insistent sur le fait que le chef de l'État aurait validé leur démarche et voient dans le congrès de décembre l'occasion de redéfinir les équilibres internes du parti.
Le poste de secrétaire général à l'UDPS ne se limite pas à une fonction administrative. Depuis un certain temps, celui-ci incarne le centre de gravité du parti, avec un pouvoir décisif sur la gestion des structures, les orientations politiques et les investitures électorales.
En toile de fond, une querelle qui remonte à plusieurs mois, notamment après la controverse autour de la redevance de 10 % exigée aux mandataires publics issus du parti. Augustin Kabuya avait affirmé agir sur mandat direct du président Tshisekedi, mais Bizibu l'avait sèchement contesté, affirmant qu'il n'occupait plus aucune fonction officielle.
Dans ce climat de suspicion, Félix Tshisekedi se retrouve dans un rôle délicat. En médiateur, il tente de maintenir une UDPS soudée, consciente que l'implosion du parti à ce moment critique fragiliserait davantage son autorité, alors que le pays est déjà confronté à une double pression : des tensions parlementaires persistantes et une crise sécuritaire qui s'aggrave à l'Est.
Mais l'équation reste entière : la coexistence imposée entre Kabuya et Bizibu suffira-t-elle à préserver la cohésion jusqu'au congrès, ou bien ce dernier deviendra-t-il un champ de bataille qui ravivera les fractures ?
À trois mois de ce rendez-vous statutaire, l'UDPS reste prisonnière de son paradoxe : héritière d'un parti forgé dans les luttes pour la démocratie et la cohésion nationale, mais minée par des querelles intestines qui menacent son unité. L'avenir du parti et, par ricochet, la stabilité du pouvoir en place dépendront en grande partie de la manière dont cette crise sera tranchée.
Ézéchiel Monteirious MONTEIRO