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Le ministère du Genre, Famille et Enfant a organisé le lundi 24 novembre à Kinshasa un café de presse, en collaboration avec le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA). Cette édition 2025 met un accent particulier sur un phénomène en pleine expansion, à savoir les violences numériques…
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En prélude au lancement de la campagne des 16 Jours d'activisme contre les VBG :Le ministère du Genre et l'UNFPA alertent sur la montée des violences numériques faites aux femmes
Le ministère du Genre, Famille et Enfant a organisé le lundi 24 novembre à Kinshasa un café de presse, en collaboration avec le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA). Cette édition 2025 met un accent particulier sur un phénomène en pleine expansion, à savoir les violences numériques faites aux femmes et aux filles, résumées dans le thème international de cette année : «Tous unis pour mettre fin aux violences numériques contre toutes les femmes et les filles» et le thème national «mettre fin à la violence numérique contre les femmes et les filles».
Cette activité s’est tenue en prélude du lancement officiel de la campagne des 16 Jours d'activisme contre les violences basées sur le genre.
L'UNFPA considère les violences basées sur le genre, facilitées par la technologie, comme une véritable crise mondiale. Elles englobent des pratiques comme la pornographie par deepfake, la sextorsion, les abus basés sur l'image, le doxxing, les menaces en ligne, le cyber harcèlement et les campagnes de désinformation ciblant particulièrement les femmes.
Selon les données présentées lors du café de presse, 85 % des femmes dans le monde ont déjà subi une forme de violence numérique et 55 % ont vu leurs photos ou vidéos diffusées sans consentement. Ce phénomène massif, silencieux et destructeur réduit la participation féminine dans les espaces numériques et menace leur santé mentale, leur sécurité et leur autonomie économique.
La violence numérique, menace grave pour les jeunes et les femmes
La chargée des violences sexuelles basées sur le genre à l'UNFPA, Mireille Ikoli, a insisté sur la gravité du phénomène en déclarant que la violence numérique constitue une menace sérieuse pour l'autonomie corporelle et la santé mentale des jeunes, deux aspects fondamentaux qui sont au cœur de la mission de l’UNFPA.
Mireille Ikoli a rappelé que la lutte engagée par l'UNFPA repose sur trois piliers. Le premier est la prévention, menée en collaboration avec les communautés, les hommes et les leaders traditionnels. Le second est la protection, à travers un soutien psychosocial et légal offert aux survivantes. Le troisième concerne la collecte et la production de données fiables destinées à orienter les politiques nationales.
Dans son intervention, elle a aussi souligné que les violences numériques touchent directement la jeunesse, notamment à travers le cyberharcèlement et les formes d'extorsion en ligne.
Pour cette raison, dit-elle, l'UNFPA et ses partenaires s'emploient à intégrer l'éducation à la citoyenneté numérique, la sécurité en ligne et l'éducation à la vie familiale.
«Ceci sera d'une importance capitale, car cette méthode permettra de mieux outiller les adolescents», a-t-elle fait savoir.
Elle a confirmé qu'au cours des 16 jours d'activisme, l'UNFPA mènera une vaste sensibilisation pour encourager une prise de conscience collective.
Renforcement de l'engagement du gouvernement contre les violences numériques
La ministre du Genre, Famille et Enfant, Micheline Ombae, a présenté les actions menées par le gouvernement dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
Elle a souligné que le thème retenu cette année est crucial, car il permet de combattre les phénomènes de cyberharcèlement et la diffusion de fausses informations qui, via les réseaux sociaux, ternissent l'image de la femme et de la jeune fille dans la société.
Elle a assuré que son ministère travaille en étroite collaboration avec celui du Numérique, dans l'objectif de définir des stratégies communes pour freiner ces nouvelles formes de violence qui fragilisent les communautés.
«Le Code du numérique congolais réprime la cybercriminalité, notamment la diffamation numérique, les menaces, l’usurpation d'identité et la manipulation de données personnelles. Cependant, l'impunité et le sous-signalement restent des obstacles majeurs à une justice efficace pour les survivantes», a expliqué la ministre.
Défis et perspectives nationales
Les intervenants ont relevé plusieurs défis persistants dans la lutte contre les violences basées sur le genre. Ils ont évoqué des problèmes liés à la coordination insuffisante entre les institutions, au manque de données fiables, à la faible intégration du genre dans les politiques publiques, à l'application limitée des lois existantes, ainsi qu'à la vulgarisation incomplète de la Stratégie nationale de lutte contre les VSBG.
Les perspectives nationales incluent l'amélioration de la coordination, la mobilisation accrue de ressources financières, l'évolution des normes sociales discriminatoires, l'implantation des antennes Avifem dans les 26 provinces, ainsi que l'inscription du financement des CISM dans le budget de l’État pour l'année 2026.
Parmi les initiatives déjà en cours, l'UNFPA met en avant la campagne mondiale Bodyright et le programme international Making All Spaces Safe. L’agence onusienne soutient également la ligne verte 49555, un outil essentiel permettant aux femmes et aux filles d'être orientées vers les services de prise en charge. Une campagne digitale intitulée TOSA NGAYI sera déployée durant les 16 jours d'activisme pour sensibiliser le public aux normes nuisibles en ligne et encourager un espace numérique plus sûr.
A propos des 16 Jours d'activisme
La campagne mondiale des 16 Jours d'activisme contre les violences basées sur le genre débute chaque année le 25 novembre et s'achève le 10 décembre. A Kinshasa, l'édition de cette année sera est lancée le 25 novembre, avant de se déployer durant toute la période, à travers diverses activités de sensibilisation et de mobilisation.
Alignée sur le thème international mettant notamment l'accent sur la lutte contre les violences, y compris celles perpétrées dans les espaces numériques, cette campagne mobilise institutions publiques, organisations de la société civile et partenaires internationaux. Pendant ces 16 jours, des ateliers, plaidoyers et actions communautaires seront menés afin de renforcer la prévention, la protection des victimes et l'engagement national contre les VBG.
Tricya MUSANSI