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Grève des médecins : Toujours pas de compromis
*Dans les hôpitaux publics de Kinshasa, les malades paient un lourd tribut.
Le gouvernement et les syndicats de médecins qui prestent dans les hôpitaux publics de l’Etat n’arrivent pas toujours à accorder leurs violons après pratiquement un mois depuis que les hommes en blouse blanche ont déclenché la grève. Les hôpitaux publics sont quasiment tous vides. On n’y trouve que des malades internés au moment du début de la gronde. Les médecins, qui assurent le service minimum, s’occupent d’eux. À les voir à l’œuvre, on constate vite qu’ils n’ont pas le cœur à l’ouvrage.
Nombre de médecins contactés à l’hôpital général de référence de Kinshasa (HGRK) imputent au Gouvernement la responsabilité de ce mouvement de grève. Ils sont d’avis que ce sont les animateurs de l’Exécutif qui les ont floués d’autant qu’ils n’ont pas honoré leurs engagements lors de dernières concertations avec le banc syndical. Les engagements pris n’ont pas été respectés.
C’est pourquoi, cette fois, les médecins ne veulent pas être les dindons de la farce. Ils attendent constater du concret sur leurs enveloppes salariales avant de reprendre le chemin des hôpitaux.
Vu sous cet angle, le gouvernement congolais est appelé à s’amender pour ne s’ être pas acquitté de ses obligations. La promesse est une dette, dit-on. À un certain niveau de responsabilités, on est obligé de se soumettre à ses engagements si l’on veut s’en tenir à sa crédibilité. C’est ce que l’Exécutif national est invité à faire pour décanter l’impasse actuelle.
INTERPELLATION
Il importe toutefois de reconnaître que, bien qu’ayant le droit de revendiquer les meilleures conditions de vie et de travail, les médecins sont appelés à une auto évaluation pour voir si, en âme et conscience, ils prestent conformément au serment d’Hypocrate qu’ils ont prêté.
C’est chaque année pratiquement que les blouses blanches vont en grève, avec toutes les conséquences que ce mouvement provoque sur la santé des malades et le moral des membres de leurs familles.
Généralement, ce sont les droits pécuniaires qu’ils revendiquaient. Et généralement aussi, bien que de manière incomplète, le gouvernement répond favorablement à leurs requêtes. « En contrepartie, ils ne fournissent pas beaucoup d’efforts pour améliorer la qualité de leurs prestations« , grammèle un patient désabusé.
Pour preuve, après un tour dans les hôpitaux publics de l’Etat, nous nous sommes rendus compte du degré de l’inconscience de certains médecins. Il est vrai qu’ils ne sont pas totalement responsables du désordre qui règne dans ce secteur. « Mais, c’est leur employeur, l’Etat congolais, qui ne sait pas assumer ses responsabilités correctement », nous souffle un patient convalescent.
DES RAISONS DU DESORDRE
Le premier désordre qu’il faut stigmatiser est le recrutement désordonné qui s’opère au niveau du ministère de la Santé publique. Comme conséquence, il y a pléthore du personnel dans les formations hospitalières publiques. Raison pour laquelle ces agents sanitaires ont un horaire de travail très aéré.
Il y en a qui ne se présentent dans les hôpitaux où ils sont affectés que deux ou tout au plus trois fois par semaine, et ce pour quelques heures seulement. Dans ce cas, ils consultent les malades vaille que vaille parce que pressés d’aller rejoindre leurs polycliniques ou centres de santé privés. Cette pratique est connue de leurs hiérarchies.
Comme les loups ne se mangent pas entr’eux, leurs chefs laissent faire. Tout calcul fait, ils volent l’Etat, parce que le nombre d’heures de leurs prestations est de loin insignifiant par rapport aux rémunérations qu’ils perçoivent du trésor public. Pourtant ailleurs, les professionnels de santé sont censés passer leurs journées entières dans les hôpitaux où ils s’occupent de leurs patients.
C’est vrai que sous d’autres cieux cette catégorie des personnels bénéficie des avantages colossaux, mais ce que les nôtres touchent, ce ne sont pas des miettes, surtout s’il faut comparer aux autres catégories d’agents qui sont payés par le Trésor public.
Les différents Ordres invités à sanctionner
Un autre désordre à bannir est le cumul des charges effleuré plus haut. Selon l’éthique professionnelle, un médecin n’est pas autorisé à prester dans deux hôpitaux différents, surtout s’il travaille dans une formation publique de l’Etat.
Les professionnels de santé sont les mieux structurés de la RDC. Il existe notamment le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM), le Conseil national de l’ordre des pharmaciens (CNOP), l’Ordre national des infirmiers, et que sais-je encore ? « Si ces structures fonctionnent correctement, il ne devrait pas y avoir des abus dans ce secteur. Malheureusement, dans ces ordres, on a l’impression qu’il n’y a pas d’ordre et de rigueur« , fustige un analyste.
« Il est regrettable que la réclamation des médecins ne se limite qu’au niveau pécuniaire. Jamais nous avons vu les professionnels de santé protester contre leurs mauvaises conditions de travail, notamment le manque d’équipements et d’intrants. L’environnement malsain et insalubre dans lequel ils prestent ne les préoccupe guère, alors que s’occupant de la santé des personnes, ils devraient être regardant là-dessus« , commente un observateur qui a requis l’anonymat.
Un autre domaine qui devrait pousser les médecins congolais à des revendications concerne la formation ou le renforcement des capacités. Dans le monde actuel où la science évolue à un rythme effréné, ne pas être formé sur les nouvelles techniques ou être remis à niveau constitue une grande lacune, surtout lorsqu’on évolue dans le secteur médical.
Au regard de ces réalités, les différents syndicats des professionnels de santé devraient modifier leur approche de lutte. Se cantonner uniquement sur les espèces sonnantes et trébuchantes, et minimiser les autres aspects de leur carrière constituent une lacune.
Aux professionnels de santé, nous reconnaissons leur droit légitime de revendiquer. Mais, ils ont l’obligation de rendre comme il se doit les services pour lesquels ils sont payés.
Muke MUKE