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Lire, ci-dessous, un large extrait de l’entretien accordé par le Président Félix Tshisekedi à nos confrères de Top Congo FM et de Congo Indépendant
Monsieur le Président, nous abordons maintenant la situation à l’est du pays. Aujourd’hui, c’est quasi certain que le Rwanda a relancé le M23 après le réchauffement des relations entre la RDC et l’Ouganda. Il y a eu la réunion en Ouganda pour ne pas rentrer dans tous les détails. Il y a eu début de dialogue, mais il y a des voix qui commencent à dire qu’il faut un peu de bon sens pour qu’on commence à négocier. C’est la grande question. Mon autre question, c’est: négocier avec qui ? Négocier quoi ?
Très bien. Écoutez-moi bien. Jamais, au grand jamais, tant que je serai président de la République démocratique du Congo, je n’aurai en face de moi la délégation du M23 ou de l’AFC pour négocier. Jamais. Ce que j’ai dit, c’est que je veux parler avec le Rwanda, pas négocier, vous avez raison, parler avec le Rwanda pour demander à monsieur Kagame, criminel de son état, qu’est-ce qu’il a contre mon peuple. La République démocratique du Congo, à l’époque République du Zaïre, avait sauvé le Rwanda d’une plus grande catastrophe qui aurait eu lieu si nous n’avions pas ouvert nos frontières à tous ces flots de réfugiés. Malheureusement, il y a eu une certaine cécité internationale qui a permis que parmi les fugitifs, il y ait les criminels génocidaires et qu’ils soient entrés sur notre sol avec leurs armes. On ne les a pas désarmés. Aujourd’hui, l’enfer est parti du Rwanda et est arrivé chez nous. Et on nous abandonne à notre propre sort. Évidemment, le régime criminel de Kigali en profite parce qu’il découvre que c’est une région très riche en minerais et en produits de tous genres, agricoles et autres. Et il veut en faire maintenant son espace.
Et ça, nous disons, jamais. Il n’y a rien à négocier. C’est chez nous. Ce qu’ils ont à faire, c’est une seule chose: plier bagages. Et si je veux parler avec le Rwanda, c’est pour ça, pour dire: c’est quoi votre problème pour nous laisser tranquilles? Pas pour vous donner quelque chose, mais pour nous laisser tranquilles. Si vous pensez qu’il y a encore quelque chose chez nous, on vous règle ça et puis c’est terminé. Ils ont donc parlé des FDLR. Nous sommes aujourd’hui à Luanda pour parler de ces histoires-là. Cessez-le-feu et comment régler le problème des FDLR. C’est tout. Donc, ce ne sont pas des négociations pour après arriver à des… mixage, brassage. Niet. Ça, il n’y en aura plus. Ils peuvent arrêter de rêver.
Et d’ailleurs, c’est parce qu’ils le savent que vous avez vu qu’ils ravivent encore ce M23, coquille vide, dans un territoire d’ailleurs qui est sous leur contrôle. Vous voyez que c’est de la propagande, en fait. Ils veulent faire croire que… D’abord, ils font cette comédie, ils font dire au M23 qu’ils ne se sentent pas concernés par Luanda, alors que tout le monde sait que c’est Kigali qui les pilote.
Ensuite, ils les ravivent un peu pour dire: vous voyez, nous sommes capables de reprendre les armes. Ok. Nous, nous savons et nous sommes inscrits dans le processus de Luanda. Et d’ailleurs, demain, des pourparlers vont commencer pour justement se pencher sur le plan de cessez-le-feu et de retrait et le plan d’anéantissement des FDLR. Et nous, nous disons: si à côté de ça, le grabuge continue, nous continuerons à tenir pour responsable Kigali. Et pour nous, le provocateur numéro un, ce sera lui et les conséquences, ce sera à lui de les assumer. C’est ça le problème.
Et si ça continue ? Beaucoup pensent que cette guerre n’est pas qu’une guerre des richesses, mais surtout une guerre de conquête des territoires.
On a beaucoup parlé de balkanisation. Non, pour les richesses. C’est une guerre de richesses. C’est une guerre de conquête des territoires, justement, des territoires riches. Vous pensez que s’il n’y avait pas tous ces minerais rares et prisés dans le monde, dans ce sous-sol de chez nous là-bas, dans le Masisi, Rutshuru et tout ça, ils seraient venus? Ils nous laisseraient tranquilles. Ce sont des sols riches et des sous-sols riches. C’est ça qui attire. Et maintenant, pour que ce soit définitivement mis sous coupe réglée, ils veulent le couper de la RDC.
La balkanisation est donc encore possible?
Dans leur tête, pas chez nous. Jamais, ce n’est pas possible.
Mais parler avec le Rwanda, c’est lui donner un minimum de bonne foi. Est-ce que vous pensez qu’il peut avoir bonne foi ?
De bonne foi, je n’y crois pas. J’ai testé leur bonne foi, je n’y crois plus du tout. Maintenant, c’est la pression. Je remercie les États-Unis d’Amérique parce que c’est eux qui nous apportent beaucoup de choses. D’ailleurs, vous avez vu, au départ, il y a eu une trêve. Maintenant, il y a un cessez-le-feu. Je vous dis, ce n’est pas le Congo qui l’a demandé. Malgré la chute de Kanyabayonga, de Rwindi, ce n’est pas la RDC qui l’a demandé. C’est le Rwanda. Mais il savait qu’il ne pouvait pas nous le demander directement et le faire accepter. Il est passé par les Américains, que nous écoutons. Je remercie surtout le président Joao Lourenço pour son implication, surtout la dernière ici, parce que j’ai, de Bruxelles, participé en pilotant aussi notre délégation qui était là, qui s’est brillamment comportée. Et je remercie évidemment l’ancien président Uhuru Kenyatta, qui est d’ailleurs le déclencheur de tout ça. Malheureusement, son successeur a très, très mal géré la question par la suite en prenant fait et cause pour Kagame. Peu importe. De toutes les façons, il n’était pas partie prenante de ce processus. Lui, il l’a trouvé en arrivant, en étant élu.
Peu importe. Mais le processus de Luanda est là et il fonctionne très bien grâce à la maestria du président Joao Lourenço. Et le président Uhuru Kenyatta est un très bon facilitateur issu du processus de Nairobi qui, malheureusement, était vidé de sa substance. Mais la crédibilité du président Uhuru demeure. Je tenais à le dire parce que je suis convaincu que là, nous sommes engagés sur la bonne voie grâce à ces partenaires et que nous aurons la solution. Je suis vraiment convaincu cette fois-ci.
Bon, écoutez, d’abord, le travail de la justice consiste à faire des enquêtes. Je crois qu’il faut faire très attention, ne tombons pas dans la facilité, dans l’invective. Et c’est ça que je déplore avec ces fameux réseaux sociaux, parce qu’on peut comme ça, à cause des réseaux sociaux, vous défaire l’honneur et la dignité d’un individu. Moi, je tiens beaucoup à ces choses-là. Vous ne me verrez jamais humilier quelqu’un, même si c’est mon dernier, mon pire des ennemis. Je n’aime pas ça. J’ai toujours un brin de respect pour la personne. Or, les réseaux sociaux, ce n’est plus ça. Il suffit qu’on cite votre nom, et nos voleurs, ça y est. Si c’est bien mis en place, ça y est, vous êtes condamné, c’est terminé. Donc, laissez à la justice le soin de faire son travail. Mais j’aimerais dire quelque chose à propos de toutes ces affaires. Moi, je m’en réjouis. Je m’en réjouis parce que ça n’existait pas dans ce pays-là. Pourtant, des affaires, il y en a dans les casseroles. Et là, je suis déterminé. Vous avez vu le ministre qui est là ? Il a cette mission. On va ouvrir les placards et en sortir des cadavres pour montrer que ce pays a été trahi, pillé et volé plus que jamais vous pouvez imaginer avant moi.
Aujourd’hui, au moins, nous avons des gens qui dénoncent. C’est déjà ça. Ça veut dire que la corruption avait vraiment été une seconde nature dans ce pays. Donc, ne vous en faites pas. Réjouissez-vous quand vous entendez ces choses-là. Malheureusement, c’est récupéré par les réseaux et c’est ça qui désoriente un peu l’opinion. Parce qu’il faut laisser la justice sereine. Vous savez qu’elle est déjà malade. On est en train de travailler à la remettre en place. Donc, il faut lui laisser le temps de faire son travail. On va leur donner encore plus de moyens de travail pour que la justice soit dite. Parce qu’attention, on a affaire parfois à des chefs de famille, on a affaire à des gens qui tiennent à leur dignité. On ne peut pas la jeter en pâture comme ça en disant: voilà, ça y est, il est voleur. Non, prenez votre patience. Jamais justice n’a été expéditive. Regardez dans nos pays à tradition démocratique ici, il y a des procès qui durent 10 ans, 15 ans de corruption. Mais pourquoi est-ce que vous voulez que… Parce qu’un nom a été cité, le lendemain, il doit être condamné. Mais non. Il faut lui donner les moyens de sa défense et voir comment ça va se passer…
Retranscrit par Christian-Timothée MAMPUYA