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Fin de la crise à l’UDPS : Bizibu et Kabuya fument enfin le calumet de la paix !
*La médiation de Fatshi finit par porter ses fruits après plusieurs mois de tensions au sein de sa famille politique.
L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) a choisi, mardi 30 septembre, de tourner la page des divisions internes. Après plus d’une année de tensions, le secrétaire général Augustin Kabuya et son adjoint Déogratias Bizibu Balola ont signé un acte de réconciliation au siège du parti, à Limete, Kinshasa. Cette décision fait suite à une réunion de médiation présidée le 19 septembre par Félix Tshisekedi, chef de l’État et autorité morale du parti, qui avait appelé les deux camps à «travailler ensemble pour l’unité et la cohésion».
Au siège du parti, dans la commune de Limete, l’ambiance n’avait rien de celle des jours ordinaires. Sous un ciel nuageux, une foule compacte de militants, drapeaux blanc et bleu à la main, scandait des slogans d’unité et de loyauté au «parti du sphinx». Devant eux, deux visages longtemps opposés ont fini par se tendre la main : Augustin Kabuya et Déogratias Bizibu Balola, respectivement secrétaire général et secrétaire général adjoint du parti présidentiel, ont décidé de clore plus d’une année de rivalités qui menaçaient de fissurer la maison Tshisekedi.
Ce rapprochement n’est pas né d’une soudaine bonne volonté. Il est le fruit d’une médiation patiente et ferme menée par Félix Tshisekedi, chef de l’État et haute autorité politique de référence du parti, qui, le 19 septembre, avait convoqué les deux protagonistes à une réunion prolongée au Palais de la Nation. Constatant les dégâts causés par leurs divisions : perte de cohésion interne, violences militantes, fragilisation de l’image du parti, il leur a intimé l’ordre de tourner la page et de préparer ensemble un nouveau cycle, en prélude au congrès extraordinaire fixé au 14 décembre 2025.
L’acte posé à Limete marque donc la mise en œuvre de ces orientations. Autour d’eux, plusieurs figures de poids de l’UDPS, telles que Jacquemin Shabani et Péter Kazadi, sont venues donner caution à cette réconciliation. La déclaration finale, lue solennellement, engage Kabuya et Bizibu à travailler pour restaurer l’unité et la fraternité entre cadres et combattants, à élaborer une feuille de route pour guider le processus de réorganisation et à animer, dès le samedi 4 octobre, une matinée politique de «réconciliation» destinée à ressouder la base.
«Nous saluons l’implication personnelle de la Haute autorité de référence dans la résolution de cette crise», a indiqué le comité d’accompagnement, chargé de superviser l’exécution de ces engagements.
Ce conflit ne fut pas une simple brouille
Mais derrière les accolades et les sourires, les observateurs n’oublient pas la profondeur des plaies. Car ce conflit ne fut pas une simple brouille personnelle : il plonge ses racines dans les statuts du parti et dans la bataille de légitimité autour de la direction. En août 2024, la Convention démocratique du parti avait destitué Augustin Kabuya et désigné Déo Bizibu comme secrétaire général intérimaire, conformément à l’article 26 des statuts. M.Bizibu a alors revendiqué l’exclusivité d’engager le parti, dénonçant l’«entêtement» de Kabuya qui continuait à agir comme titulaire. De son côté, M. Kabuya s’est accroché à son titre, affirmant que la procédure de destitution n’avait pas respecté les textes. À cette querelle juridique s’est ajoutée une personnalisation du pouvoir : les deux hommes ont mobilisé leurs bases respectives, multiplié les accusations, jusqu’à ce que le conflit dégénère en affrontements violents, causant même la mort d’un militant en juin 2025.
Dans ce tumulte, l’image de l’UDPS, parti historique de l’opposition et désormais pilier du pouvoir, a été écornée. Des accusations de mauvaise gestion, de népotisme et de monnayage des postes pesaient sur Kabuya, tandis que Bizibu était critiqué pour son ambition jugée démesurée. La querelle avait pris une dimension telle que Marthe Kasalu, mère biologique du président et veuve d’Étienne Tshisekedi, avait dû intervenir pour calmer les esprits.
La réconciliation imposée par le chef de l’Etat
La réconciliation, imposée par le chef de l’État, apparaît donc autant comme un impératif politique que comme une nécessité de survie pour le parti. Félix Tshisekedi lui-même, dans une interview, a tenté de relativiser la gravité de la crise, affirmant qu’elle traduisait «la vitalité démocratique» au sein de l’UDPS. Mais en réalité, le message était limpide comme l’eau de roche : au moment où la RDC traverse une crise multiforme : sécuritaire, économique et diplomatique, le parti présidentiel ne peut s’offrir le luxe d’une guerre de tranchées interne.
Le défi, désormais, sera de transformer cette entente circonstancielle en véritable dynamique collective. Le congrès de décembre sera le test ultime : il devra clarifier les responsabilités, légitimer les structures dirigeantes et éviter de replonger le parti dans une spirale de rivalités. Car si les textes et la médiation ont permis d’imposer une trêve, les ambitions personnelles et les clivages internes n’ont pas disparu.
Héritage de la lutte d’Etienne Tshisekedi
L’UDPS, héritière de la lutte démocratique menée par Étienne Tshisekedi wa Mulumba, joue ici une carte majeure. Son unité est non seulement indispensable à la stabilité du parti présidentiel, mais elle est aussi scrutée comme un signal de maturité politique dans un pays où les querelles internes fragilisent souvent les grandes formations.
Pour l’heure, il est permis de rêver car l’espoir est enfin là : celui de voir deux anciens rivaux marcher désormais ensemble, regarder dans la même direction sous le regard vigilant d’un chef de l’État qui a rappelé que l’héritage de son père ne saurait se dilapider dans des querelles intestines. L’image de ce mardi, celle d’Augustin Kabuya et de Déo Bizibu, côte à côte, à Limete, restera comme un symbole fort de cette volonté affichée de tourner la page.
Ézéchiel Monteirious MONTEIRO