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Delly Sesanga : "Tout ça pour ça ?"
* Pour sa part, le ministre rwandais des Affaires étrangères qualifie de "comédie politique", l'appel à la paix des braves de Félix Tshisekedi à Paul Kagame.
"Il y a un temps pour toute chose sous les cieux. Un temps pour pleurer, et un temps pour rire. Un temps pour la guerre, et un temps pour la paix…";peut-on lire dans la sainte Bible de Louis Segond, l'un des livres de foi des chrétiens. Précisément, dans le livre d'Ecclésiaste 3, du verset 1 à 8.
A en juger par le discours de Félix Tshisekedi, hier jeudi 9 octobre à Bruxelles, doit-on dès lors, espérer au retour imminent d'une paix durable en RD Congo ? C'est là, la question. Et, la plus importante d'ailleurs.
Dans son discours à la tribune du Forum de "Global Gateway", le Chef de l'Etat congolais a surpris l'assistance avec un message claire et direct, à son homologue rwandais, Paul Kagame, présent dans la salle. En Français facile, Tshisekedi a exhorté l'homme fort de Kigali à avoir le courage de travailler avec lui pour faire la paix des braves et venir à bout des violences armées dans l'Est de la RD Congo.
"(…) Je prends à témoin, l'assistance ici présente et le monde entier pour lancer un appel à la paix, lui tendre la main et demander à ce qu'on arrête cette escalade", a déclaré Félix Tshisekedi, sous les applaudissements des Congolais présents dans la salle.
"Aujourd'hui (…), nous sommes les deux seuls capables d'arrêter cette escalade…Il n'est pas trop tard pour bien faire", ajoute-il, en référence aux violences qui se poursuivent en dépit d'un accord de paix, signé le 27 juin dernier à Washington, entre la RD Congo et le Rwanda. Pas que. En attendant la réaction de Kigali à sa main tendue, Félix Tshisekedi a déclaré avoir suspendu son plaidoyer pour des sanctions contre le Rwanda.
C'est donc un Félix Tshisekedi qui, à Bruxelles, souligne que la paix ne pourrait être envisagée qu'à condition que son homologue rwandais donne expressément l'ordre aux troupes coalisées de l'Alliance Fleuve Congo-Mouvement du 23 mars (AFC/M23), de cesser les hostilités.
Pour sa part, Paul Kagame, qui a précédé Félix Tshisekedi à la tribune, n'a pas explicitement évoqué ces efforts de paix. Aussi, a-t-il simplement fait part d'une "énergie positive" concernant "les affaires, les investissements et la paix", sans donner davantage de détails.
"TOUT ÇA… POUR ÇA", HURLE DELLY SESSANGA
Le message est-il passé ? Peut-être. Cependant, Félix Tshisekedi s'est attiré le courroux de nombreux techniciens en analyse de contenu, qui ont consacré leur temps à décrypter son discours d'hier. Sans surprise, l'opposant congolais, Delly Sessanga compte parmi ceux-là. Dans un tweet hier, Delly Sessange rappelle au Président Félix Tshisekedi, ses propos tenus lors de la campagne électorale en décembre 2023.
Invité de l'émission "En campagne" de Top Congo FM, le candidat n°20 à la présidentielle avait déclaré exactement ceci : " La solution pour la paix en RD Congo, c'est de faire la guerre à Paul Kagame. Et je l'ai dit, à la moindre escarmouche, des rigolos que vous avez vus s'exprimer à Nairobi, je vais réunir les deux chambres du parlement en congrès comme le recommande la Constitution, et je vais leur demander l'autorisation de déclarer la guerre au Rwanda".Et d'insister : "(…) je le dis et je pèse bien mes mots, parce que je suis même prêt à cela. Aujourd'hui, on n'a même pas besoin d'envoyer des troupes au sol au Rwanda. De chez nous, nous pouvons atteindre Kigali".
Partant, Delly Sessanga dit ne pas du tout comprendre la volte-face de Félix Tshisekedi, qui, aujourd'hui, tend la main à Paul Kagame pour une paix des braves. "De la moindre escarmouche à ça…Tout ça pour ça ! Où est le sérieux? Où est la ligne ? Un président à géométrie variable, qui change de position au gré des applaudissements, n'inspire ni confiance ni respect. Le Congo mérite sans doute mieux", hurle-t-il.
ECHEC DE LA DIPLOMATIE CONGOLAISE ?
Une autre réaction est celle d'un internaute congolais. Gédéon Atibu, parce que cest de lui qu'il s'agit, estime que les propos de Fatshi ont été bien calibrés, intégrant l'usage du langage diplomatique en la matière. Cependant, il estime que le discours du Président congolais révèlent un état de choses bien troublant : Celui de l'échec de la diplomatie congolaise dans toutes les négociations où la RD Congo était impliquée.
"(…) Nous sommes les deux seuls capables d'arrêter cette escalade", l'auteur de la critique juge ces propos de Fatshi comme un "aveu d'impuissance à faire basculer le cours des événements en la faveur de la RD Congo."
"Dès lors que Félix Tshisekedi reconnaît que la voie de sortie de crise dépendrait du Rwanda et de la RD Congo, il rend caducs les efforts d'intermédiation extérieurs. Il estime ainsi que les accords signés à Washington et à Doha ne seraient que des capitulations sans les garanties nécessaires au rétablissement d'une paix durable", écrit-il.
Et d'ajouter : "Ce n'est pas la première fois que Félix Tshisekedi fustige le manque de progrès dans l'avancée de cette question. Cette posture du Président congolais indique que les processus de paix déjà menés et ceux en cours sont au point mort. Impossible donc d'espérer des résultats dans un délai raisonnable. Cette lecture pragmatique de la situation, selon les dynamiques inhérentes à ce processus de négociation complexe, oblige Kinshasa à reconsidérer son approche en ce qui concerne l'objectif de paix".
"DE L'ENFER PROMIS A LA MAIN TENDUE…"
"(…) En aucun moment, je n'ai affiché une attitude belliqueuse…", a encore déclaré Félix Tshisekedi, dans son discours hier à Bruxelles. Une fois encore, Gédéon Atibu estime que cet argument est avancé dans l'espoir de restaurer une confiance essentielle à la quête de la paix et du développement en RD Congo. Cependant, nuance-t-il, "la posture actuelle du chef de l'Etat se heurte à une contradiction flagrante entre ses actes et ses paroles. Nous ne parlons ici que d'un effet d'annonce sas lendemain. Car, en décembre 2023, Félix Tshisekedi, candidat à sa propre succession à la présidence de la République, avait promis l'enfer à Paul Kagame". La menace : "A partir de Goma, nous allons toucher Kigali, à la moindre escarmouche", avait trouvé un écho fort chez un peuple aspirant à en finir avec le régime de Kigali". Le temps a-t-il effacé les idées ?
De son côté, le ministre rwandais des Affaires étrangères qualifie de "comédie politique", les propos de Félix Tshisekedi à l'endroit de Paul Kagame. Bien plus, Olivier Nduhungirehe a accusé le Chef de l'Etat congolais "d'avoir détourné un Forum de coopération pour en faire une tribune d'accusations".
Selon le patron de la diplomatie rwandaise, la rencontre de Bruxelles était une réunion axée sur la coopération, la paix et le consensus et non un cadre pour évoquer le conflit dans l''Est de la RD Congo. " Le Président Kagame est intervenu avant le Président Félix Tshisekedi, pour parler de la coopération entre l'Union européenne et l'Afrique sur des projets concrets", a déclaré M. Nduhungirehe, citant notamment, la construction de l'usine de vaccins BioNtec inaugurée à Kigali en décembre 2023, avec l'appui de l'Union européenne.
Toujours selon le ministre rwandais des Affaires étrangères, Félix Tshisekedi a donc profité de la tribune de Global Gatefay forum, pour parler de la crise congolaise et adresser un discours agressif, destiné à son opinion publique interne. Aussi, a-t-il estimé que la question de la RD Congo est déjà examinée dans plusieurs autres cadres, notamment à Washington et à Doha et que le forum organisé au siège de l'Union européenne n'était ni le lieu ni le moment. FDA