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" Bosepelaka nanga na elongi. Na mukongo botongaka nga !", traduit du lingala '' Vous m'appréciez en face. Derrière (moi), vous me critiquez !'' dénonce le messager du jour. Une dénonciation de la situation qui reflète la vie quotidienne de la société congolaise en particulier.…
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(Par l’évangéliste Colin NZOLANTIMA)
Les pensées pentecôtistes ont été à la base de la restauration et du développement des communautés. Actes 2:1 «Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous…
Discours électrisants… à quelle fin ?
On observe ces derniers temps au Congo-Zaïre, voulu un et indivisible par les vrais patriotes de tous temps et de tout acabit, la montée des discours électrisants pour l’ethnos et le faux « moi » ; car le vrai s’assume dans le soi, dont la conscience ne peut que culminer dans l’adhésion à cette vérité dont Paul Ricœur a trouvé la juste expression à travers le titre de son ouvrage Soi-même comme un autre. Dans ses mots à lui, Jean-Paul Sartre exprimait la même vérité en disant : « Je ne puis être libre que si tous le sont ». Tout à l’opposé de la quête de liberté, dans toutes les acceptions de l’expression, sous les tropiques rd-congolaises.
En effet, ici chez nous, la quête de liberté se veut antagonique. Des ethnies entières s’indexent mutuellement et sont poussées à se combattre les unes les autres au nom d’une certaine solidarité vraie ou supposée, mais qui ne peut être mécanique, cela s’entend, entre représentants réels ou autoproclamés des uns et des autres. Le plus à déplorer dans tout ça, c’est encore et toujours ce manque d’insémination dans le tissu social, de la réalité de la nation congolaise, subsumant les appartenances ethniques. Sont coupables de cet état des choses, tous ceux qui, par leur attitude, se désolidarisent de la nation en son sens authentique, en paroles ou par action(s), directement ou indirectement, à quelque niveau de responsabilité que ce soit et quelle que soit leur chapelle idéologique.
D’autres incongruités surgissent à l’examen sérieux de ces discours en vogue. Il s’agit notamment de la notion tordue de représentation nationale, rabattue en fait à la représentation ethnique, sans oublier le rôle, souvent mal compris, de chacune des institutions de la République, autant que la mauvaise acception de cette dernière elle-même. Il me semble que la représentation ethnique, tout en étant une réalité sociologique (du reste toujours abusivement exploitée au plan politique), n’est pas strictement corrélative à celle de la nation, stricto sensu, seule fondatrice de la citoyenneté dans un Etat moderne que le nôtre se veut être, tout au moins théoriquement.
Ainsi, les représentants attitrés du peuple congolais, sont ceux que ce dernier a dûment mandatés pour exercer ce rôle dans les institutions et conditions établies et fixées par la constitution et les lois de la République. Toute construction d’autres types de représentation du peuple devrait se cantonner dans les limites que tolère la législation nationale. Cela étant, le gouvernement n’est pas une représentation nationale, c’est plutôt l’assemblée nationale qui joue ce rôle. Il est temps que nous sortions de nos égarements à cet égard, sans évidemment mépriser les équilibres voulus pour des raisons sociologiques assumées. Il est question de mettre tout cela judicieusement en musique pour ne pas notamment tomber dans les contradictions du type «nous, ressortissants de… » dont l’impact est finalement réducteur de la puissance de l’Etat en tant que force, car on lui substitue d’autres forces concurrentes. Et c’est certainement à cet égard que les choses clochent, comme on dit.
La nation n’est pas un assemblage d’ethnies superposées les unes aux autres avec des intérêts antagoniques. Cela, Lumumba l’avait au moins compris et défendu. C’est l’ensemble des citoyens liés par la volonté de vivre ensemble et qui se donnent une organisation (l’Etat) et des règles (lois) pour ce faire. Malheureusement, la nation congolaise commence à être entrainée dans le tribalisme, c’est-à-dire la négation profonde d’elle-même. Et la faute en revient certes à ceux qui, agissant au nom de l’Etat, n’ont point d’égard pour la dimension supra-ethnique de ce dernier, laquelle dimension est la seule qui puisse garantir la recherche du bien commun par les représentants de l’Etat (gouvernement) ; mais la faute est aussi imputable à ceux qui, prenant prétexte de ce fait ou l’identifiant à juste titre, lui apportent en fait du renfort, plutôt que d’en rechercher sagement la correction pour l’intérêt général.
J’ai particulièrement noté, sur ce sujet, quelques idées de certains compatriotes ayant débattu là-dessus sur la toile et ai constaté qu’autour de ce débat, il se dégage, globalement présentés, quatre types de prises de positions ou approches. Il y a en effet, d’abord ceux qui affichent «animosité, intolérance et intégrisme » (l’expression est du compatriote Mbeko) contre toute critique à l’endroit du pouvoir identifié à tort ou à raison comme celui de leur ethnie, en l’espèce l’ethnie luba. Thèse ostentatoirement revendiquée et clamée à tue-tête par la journaliste Denise Dosochoy qui a donné de l’éclat à la fameuse expression « tour na biso » – entendez c’est notre tour –, conception étriquée du pouvoir s’il en est. Il y a ensuite ceux qui, fustigeant l’attitude des premiers, se laissent envahir par la montée d’un sentiment anti-luba ; puis ceux qui, tout en étant d’ethnie luba, prennent «la responsabilité et le courage» de dénoncer l’attitude des premiers (l’expression est encore du compatriote Mbeko, assumée par Pie Tshibanda) autant que la globalisation, partant la simplification, faite par les seconds, au regard du principe de responsabilité individuelle de la faute ou de l’infraction. Il y a enfin, et ils sont oubliés par tous les débateurs, ceux qui, tout en s’étonnant de tout ce qui heurte le bon sens dans les divers camps en contradiction ou en dissension – c’est selon –, se demandent comment et à quel prix faire advenir la raison, sans se compter eux-mêmes dans un quelconque camp. Ces derniers sont à mon sens les plus nombreux, mais sont constamment et allégrement assimilés, malgré eux, à l’un ou l’autre camp, particulièrement les deux premiers, en raison de leur appartenance ethnique, puisque c’est d’autres qui parlent en leur nom (sans mandat) ou les identifient à tel ou tel autre discours censé les représenter ethniquement.
Cette dérive est dangereuse pour la République, et là-dessus je partage les différentes alertes qui interpellent la conscience des différents acteurs à cet égard, notamment celle faite par Pie-Tshibanda dont j’ai bien apprécié la pulchre évocation de l’inexistence d’une caisse au nom d’une l’ethnie où chacun de ses membres retire de l’argent. Belle image pour montrer que, nonobstant le fait que les acteurs politiques s’agrippent sur leurs origines ethniques pour se hisser ou se maintenir à des postes de pouvoir, leurs intérêts réels ne sont jamais vraiment (je souligne l’adverbe) ceux de tous les membres de leurs ethnies respectives. Il est donc moralement injuste d’imputer indistinctement leurs méfaits à tous les membres de leurs communautés ethniques. Et cela vaut pour tous, sans exception. En tout cas, il est inacceptable que des personnes, quelles qu’elles soient, soient stigmatisées en raison de leur appartenance ethnique.
Le compatriote Mbeko a, pour sa part, raison de prévenir contre la reproduction en RDC, 28 ans après, des pogroms du Rwanda, pour avoir mal géré une réalité sociologique. A cet égard, il faut savoir que, peu importe celui qui aura été le premier à mettre le feu aux poudres, le désastre sera général et n’épargnera personne. Nous avons assez de stigmates de notre passé douloureux pour oser raviver les causes de tels désastres qu’a connus notre société, 62 ans après l’accession du pays à l’indépendance. C’est, en plus d’être une question de responsabilité, également celle de maturité politique.
Il faut donc, par-delà la volonté de triompher les uns des autres, au propre comme au figuré, cultiver encore et toujours ce qui nous unit ou peut nous unir plutôt que ce qui nous divise ou peut nous diviser. Les pouvoirs publics en ont en premier la responsabilité.
Voilà la vérité sur ce nouveau débat (problème) de société. Elle n’est pas plutôt dans un camp que dans l’autre. Elle est présente de façon fragmentée en tous. Et, en tant que collecteur de ces fragments, c’est son visage global qu’il m’intéresse de voir. Joyeuses pâques à tous les chrétiens. Que puisse la nation congolaise, la seule vraie, ressusciter elle aussi et revivre pleinement.
Frank FIKIRINI MWENE-MBAYU
Philosophe et analyste politique