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La Chine veut consommer africain
*Sésame, arachides, piment et cacao … autant de produits qui intéressent l'empire du Milieu
Le séminaire pour les rédacteurs en chef expérimentés des pays francophones africains, qui se tient actuellement à Beijing, a donné lieu à des échanges riches autour du commerce sino-africain. Hier mardi 10 juin, Madame Yang Baozhen, ancienne consule de Chine en France et experte en développement à l'Agence canadienne de développement international, a livré une conférence thématique sur les réussites et perspectives du partenariat commercial entre la Chine et l'Afrique.
Devant 24 professionnels de médias venus de six pays de l'Afrique francophone, l'intervenante a invité le Continent à saisir l'opportunité d'exporter leurs produits agricoles en Chine.
Face à une population colossale estimée à 1,411 milliard d'habitants, la Chine souffre d'un déficit de terres arables. Cette réalité offre aux pays africains une opportunité unique. Riches en sols fertiles et en ressources naturelles, ils sont capables de cultiver une grande variété de produits agricoles destinés à répondre à la demande chinoise croissante.
La porte est grande ouverte
La porte est grande ouverte. Pour madame Yang, le pays cher à Mao Zedong a mis en place les politiques afin d'alléger la tâche aux exportateurs africains.
Parmi ces politiques, les exemptions tarifaires, la création de centres d'exposition, le traitement préférentiel pour 60 % des produits africains issus des pays les moins avancés, le tout sous l'impulsion d'une politique chinoise clairement orientée vers l'importation agricole.
" La Chine, nous avons une politique préférentielle pour les marchandises importées d'Afrique. La Chine a vigoureusement augmenté les importations en provenance d'Afrique en promulguant des exemptions tarifaires et en créant des centres d'exposition pour les produits africains. Aussi, depuis 2012, les 30 pays africains les moins avancés ayant des relations diplomatiques avec la Chine ont obtenu un traitement à tarif zéro pour 60 % de leurs produits exportés vers la Chine ", affirme-t-elle.
" Nous ne demandons pas beaucoup de taxes "
Et de poursuivre : " En général, pour les produits en provenance d'Afrique, nous ne demandons pas beaucoup de taxes. De multiples mesures sont prises pour promouvoir le développement sain du commerce Chine-Afrique et augmenter les importations chinoises en provenance d'Afrique. "
Un exemple concret illustre cette dynamique : les premiers lots d'avocats en provenance d'Afrique du Sud ont récemment franchi les quais du port de Shanghai, totalisant 22 tonnes. Ce produit, rare en Chine, trouve désormais son marché jusque dans la capitale, Pékin. La Chine importe également une grande quantité de graines de sésame, dont 80 % proviennent d'Afrique. Ce produit, largement utilisé dans la cuisine et la pâtisserie chinoises, est une illustration parfaite de la complémentarité agricole sino-africaine.
" En Afrique, il y a beaucoup de produits dont nous avons besoin. La Chine achète 50 % des graines de sésame, dont 80 % proviennent de l'Afrique. De janvier à octobre 2021, les exportations chinoises de sésame se sont élevées à des millions de tonnes, soit une augmentation de 11,59 %. La Chine utilise l'huile de sésame pour ses salades à la place de l'huile d'olive. Nous préparons des desserts avec le sésame. Même pour le sésame, l'État ne donne pas de subventions, alors dans ce cas-là, le prix d'importation du sésame des pays africains est moins cher. Le soja est importé de quel pays ? Les États-Unis, mais maintenant avec Trump ce n'est pas facile ", a expliqué la professeure Yang.
Le soja une autre opportunité
Le soja, quant à lui, représente une autre opportunité majeure. Face aux restrictions commerciales avec les États-Unis, la Chine s'oriente vers des importations africaines, notamment d'arachides, produits très appréciés des consommateurs chinois. Le café, le cacao, la noix de cajou et bien d'autres produits africains sont également bien accueillis sur ce vaste marché.
" Les arachides qui viennent d'Afrique, ça c'est bien, c'est pourquoi je dis que c'est une opportunité qu'il faut saisir. Le produit africain est bien accueilli par les consommateurs chinois, par exemple le café, le cacao, la noix de cajou et d'autres produits d'Afrique ", a-t-elle ajouté.
Guangzhou, avec sa communauté africaine estimée à 300 000 personnes
Plusieurs provinces chinoises entretiennent des liens privilégiés avec le continent africain. Guangzhou, avec sa communauté africaine estimée à 300 000 personnes, est un carrefour commercial important. Yiwu, Shandong et Hunan sont également des régions où la coopération économique sino-africaine se développe rapidement. D'ailleurs, la prochaine foire économique et commerciale sino-africaine se tiendra à Hunan du 26 au 29 juin 2025, un rendez-vous bisannuel très attendu.
Madame Yang a aussi mis en exergue l'importance de s'ouvrir aux entreprises privées chinoises, réputées pour leur flexibilité et leur réactivité, en opposition aux grandes compagnies d'État. Elle encourage ainsi les pays africains à identifier leurs besoins spécifiques et à chercher des partenaires privés capables de répondre à ces attentes.
" Les compagnies privées sont plus souples, plus rapides, capables d'investir sans attendre l'approbation d'un ministère ", a-t-elle dit. Elle cite Alibaba, Huawei, mais aussi des entreprises prêtes à miser sur l'Afrique.
Pour les pays africains, et singulièrement pour la République Démocratique du Congo, cette nouvelle donne représente une occasion à ne pas rater.
À Kinshasa, le message semble avoir été entendu
À Kinshasa, le message semble avoir été entendu. Le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, s'est lancé depuis plusieurs mois dans une offensive diplomatico-économique. Le 14 avril dernier, il avait reçu une délégation chinoise de 25 entrepreneurs et scientifiques, conduite par le vice-gouverneur de la province de Hunan, Cao Zhiqiang. Une visite de suivi à la mission de septembre 2024 à Changsha, où la RDC avait déjà plaidé pour un partenariat " gagnant-gagnant".
Les discussions ont été riches, précises, tournées vers l'avenir. Certification des produits agricoles, équipements de laboratoire, besoins en mécanisation… : tous les verrous de l'exportation vers la Chine ont été passés en revue. Une équipe mixte a été mise en place pour tracer une feuille de route claire et opérationnelle. Et, comme un signe de reconnaissance, la RDC a été officiellement invitée à la 4ème Exposition économique et commerciale Chine-Afrique, prévue du 26 au 29 juin 2025 à Changsha.
3 millions de tonnes de cacao en 2030
Julien Paluku ne cache pas ses ambitions. Lors d'un briefing de presse coanimé avec Patrick Muyaya en décembre 2024, il dressait une vision audacieuse : faire du cacao un moteur de croissance. " Aujourd'hui, la tonne de cacao vaut 11.500 dollars. En 2030, nous produirons 3 millions de tonnes par an, soit 30 milliards de dollars de recettes", affirmait-il. Une déclaration aussi hardie que stratégique.
La RDC, qui ne produit actuellement que 100.000 à 200.000 tonnes de cacao par an, ambitione de se hisser au sommet mondial, devant une Côte d'Ivoire en déclin. " À Walikale, Beni, Ituri, Tshuapa, les terres sont disponibles. Et notre cacao est bio, cultivé sans produits chimiques ", avait insisté le ministre. Cette agriculture durable, avait-il dit, protège le couvert végétal, lutte contre la déforestation et structure les communautés rurales.
L'OMC
Mais la route est encore longue. Julien Paluku rappelle que la RDC n'a pas encore ratifié l'Accord sur la facilitation des échanges de l'OMC, pourtant essentiel pour former les producteurs aux normes internationales. Il reconnaît les arriérés de cotisations qui ont éloigné le pays de l'organisation. " Pour produire un million de tonnes de soja, il faut connaître les exigences du marché chinois. C'est une question de normes, de certifications, de préparation ", avait expliqué Julien Paluku.
L'Afrique, riche de ses terres et de ses produits, peut devenir le grenier de l'Asie. Et la RDC, longtemps en retard, semble décidée à rattraper le temps perdu. Si elle sait transformer l'essai, elle pourra bien, à l'horizon 2030, ne plus être seulement un pays minier, mais aussi un géant agricole tourné vers le monde.
De notre envoyé spécial à Pékin Christian-Timothée MAMPUYA