Dernière minute
Société
Une contamination massive et silencieuse se propage ces dernières années à Kinshasa. Ce qui devait nourrir la ville la tue à petit feu. Dans les faubourgs de la capitale des milliers de maraîchers cultivent quotidiennement tomates, amarantes, choux, épinards... pour approvisionner les…
Culture
Forum éco
Caricature
Enjeux de l’heure
* Saisi du cas de l'ancien ministre, l'Assemblée nationale met en place une commission spéciale
L'ancien ministre des Finances et actuel député national, Nicolas Kazadi, se retrouve au cœur…
Étranger
Le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni, a officiellement pris, le mercredi, à Entebbe, la présidence du Mécanisme régional de suivi de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba pour la paix, la sécurité…
Nation
La préservation de la biodiversité est capitale dans le maintien de l'équilibre écologique mondial. Et ce résultat dépend grandement de l'implication de l'homme, estiment les experts…
RDC : Entre vérité libératrice et compromission silencieuse, la parole de Joseph Kabila comme boussole
(Par Félix Kabange Numbi)
Fidèle parmi les plus fidèles, Félix Kabange Numbi revient, dans une tribune, sur le discours de l'ancien président de la République, Joseph Kabila, prononcé le 23 mai 2025. Pour repréciser la pensée du "Raïs", mal compris. Selon Félix Kabange, l'adresse du président honoraire n'était ni une revanche ni un retour : c'était une alerte. Joseph Kabila, d'après Félix kabange, a sonné l'alerte sur l'état du Congo un pays "malade". Gravement malade". Ce cadre du PPRD refuse que l'on traite l'ancien président "d'homme du passé".
En un mot comme en cent, pour Félix Kabangele discours de Kabila devrait être considérécomme une "boussole". LeCongo, dit-il, se reconstruira sur la vérité, la mémoire, la dignité et le travail."
Le vendredi 23 mai 2025, Joseph Kabila, ancien président de la République démocratique du Congo, est sorti de son long silence dans une allocution de 45 minutes qui continue de faire écho dans l'opinion publique. Un discours dense, grave, mais contenu, dans lequel l'ancien chef de l'État livre son diagnostic sur la situation du pays et pose des jalons pour une refondation nationale.
Ce n'était ni une revanche ni un retour: c'était une alerte. Pendant six années, Kabila a observé, dans la retenue, ce qu'il considère aujourd'hui comme l'effritement méthodique de l'héritage qu'il a laissé après dix-huit ans à la tête du pays. Son silence, motivé par la décence républicaine, s'est brisé face à ce qu'il décrit comme "l'effondrement progressif de la Nation".
Une sortie que le pouvoir actuel, par la voix de son porte-parole Patrick Muyaya, a tenté de relativiser, allant jusqu'à qualifier Joseph Kabila "d'homme du passé", arguant que le régime actuel s'échine à résoudre les problèmes non résolus par ses prédécesseurs. Une lecture partisane qui occulte une réalité plus nuancée, voire dérangeante pour certains. Pourtant ce que dit Kabila, c'est que le Congo est malade. Gravement malade.
Un héritage dilué
L'ancien président a rappelé les bases de l'héritage qu'il a laissé: une stabilisation macroéconomique progressive, des réformes structurelles de fond, une architecture institutionnelle consolidée et des infrastructures amorcées. Le nouveau code minier, la loi sur la sous-traitance, le code des assurances, le pacte de stabilité monétaire avec la Banque centrale: autant de réformes ayant permis une augmentation significative des recettes publiques, jusqu'à tripler le budget national.
L'actuelle embellie budgétaire est donc, en toute objectivité, le fruit mûr des graines plantées entre 2002 et 2018, et non l'œuvre exclusive du régime Tshisekedi. Où sont les grandes réformes économiques impulsées par l'Union sacrée? À cette question, posée frontalement, le gouvernement ne saurait apporter de réponse précise. Et le défi est lancé à ce sujet. Le pays est à l'image de la voirie urbaine de sa ville-miroir, Kinshasa, en décomposition totale, paralysée par des bouchons récurrents, où le Code de la route est constamment violé, tant par les wewas que par les responsables politiques complaisants et complices.
Des projets, des preuves
Le Musée national, le Centre culturel sur le boulevard Triomphal, les aéroports de Kolwezi et de Kisangani, le centre orthopédique de Lubumbashi, le gouvernorat du Lualaba: encore autant
d'infrastructures inaugurées par le Président Félix Tshisekedi, vantées par l'Union sacrée et ses partisans, mais dont la paternité revient au régime précédent. Aujourd'hui encore, certains projets portés sous le régime actuel sont en réalité issus de cette planification antérieure. C'est le cas des barrages de Busanga dans le Grand Katanga et de Kakobola dans le Grand Bandundu.
Cette absence d'ambition structurelle, combinée à des scandales de gestion, a plongé le pays dans une précarité accrue. Un ancien ministre des Finances issu de l'actuel camp présidentiel a dénoncé publiquement les détournements massifs de fonds publics avant même la réalisation des projets. Un ministre de la Justice défie en pleine journée le Procureur général de la République pour une affaire d'un présumé détournement. Ce n'est pas un débat politicien: c'est une réalité documentée. Ce sont des évidences.
Ni retour, ni revanche: un sursaut moral
Joseph Kabila n'a ni lancé un mouvement politique, ni annoncé une candidature. Il a parlé à la Nation, comme un ancien chef d'État inquiet du sort de son pays. Dans un moment de brouillard institutionnel et de confusion idéologique, il a tenté de réveiller une conscience nationale, en posant une alternative simple: la vérité qui affranchit ou la compromission qui désagrège.
Ses douze engagements, regroupés dans un Pacte Citoyen, ne relèvent pas de l'utopie, mais d'une vision. Mettre fin à la tyrannie, restaurer l'autorité de l'État, réconcilier les Congolais, reconstruire l'économie, rendre à l'armée son rôle républicain, renvoyer les troupes étrangères : ce sont là des piliers pour refonder le contrat social congolais.
L'histoire a ses retours
Classer Joseph Kabila parmi les figures du passé parce qu'il n'est plus au pouvoir relève d'une lecture simpliste. Les trajectoires de Lula da Silva, Donald Trump, Denis Sassou-Nguesso ou John Mahama prouvent que quitter le pouvoir n'efface pas l'influence ni la légitimité politique. L'histoire regorge de ces retours, parfois inattendus, toujours
contextuels. Ce que Kabila propose, ce n'est pas un retour, mais un cap. Une boussole pour traverser la tempête.
En conclusion, face à une gouvernance qui communique plus qu'il ne construit, et dans un moment où l'arrogance et la manipulation supplantent l'écoute et le sérieux, Joseph Kabila a fait le choix de la parole. Une parole posée, grave, lucide. Elle mérite mieux qu'un rejet partisan : elle mérite un débat de fond, national, républicain.
Le Congo ne se construira pas sur des slogans. Il se reconstruira sur la vérité, la mémoire, la dignité et le travail. À chacun de choisir son camp: la vérité ou la compromission.
Félix Kabange Numbi Mukwampa, Médecin, ancien ministre de la Santé, député national honoraire, cadre du Front Commun pour le Congo (FCC)