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Tragédie de Makala : l’Opposition et la Société civile exigent des enquêtes indépendantes
L’indignation est générale après la tentative d’évasion tragique survenue le 2 septembre à la prison centrale de Makala. Le bilan provisoire présenté par le ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, fait état de 129 morts, dont 24 abattus par balles après sommation, et de 59 blessés, dont certains auraient été victimes de viols. Les forces de l’ordre ont dû intervenir pour réprimer une tentative d’évasion massive, utilisant des armes à feu pendant plusieurs heures, selon les témoins.
Face à cette situation, les réactions ne se sont pas fait attendre, notamment du côté de l’Opposition politique. L’opposant,Martin Fayulu, a dénoncé ce qu’il qualifie de « carnage « .
» Je condamne avec la plus grande fermeté l’assassinat brutal des prisonniers à la prison de Makala. Ces exécutions sommaires sont un crime inacceptable qui ne peut rester impuni « , a-t-il déclaré, réclamant que » toute la lumière soit faite sur ce carnage » et que les responsables soient traduits en justice.
Moïse Katumbi, une autre figure influente de l’opposition, a également exprimé son indignation, soulignant l’inaction des autorités face aux conditions déplorables de la prison de Makala, maintes fois dénoncées.
» Depuis sa libération, Stanys Bujakera n’a cessé d’alerter courageusement sur les conditions inhumaines dans la prison de Makala. […] Le pire est finalement arrivé : plusieurs dizaines de prisonniers ont été abattus comme des animaux dans une barbarie insupportable « , a-t-il déclaré.
Katumbi a exigé la mise en place d’une commission d’enquête indépendante, avec la participation de la Monusco et des ONG de défense des droits humains, pour faire toute la lumière sur ces événements.
Denis Mukwege et la Société Civile : une réflexion sur les causes structurelles
La société civile congolaise n’est pas en reste. Le Dr Denis Mukwege, célèbre pour son engagement en faveur des droits humains, a dénoncé la banalisation de la vie humaine en RDC.
» Notre société devrait davantage s’interroger sur les facteurs structurels qui favorisent la reproduction à l’infini de ces genres de massacres « , a-t-il souligné, critiquant l’impunité et le mépris des droits fondamentaux qui règnent dans le pays.
L’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) a, pour sa part, exprimé sa » profonde préoccupation » face à l’usage disproportionné de la force par les autorités. L’Acaj a demandé au gouvernement de diligenter sans délai une enquête crédible en collaboration avec la Division des droits de l’homme de la Monusco et les ONG nationales de droits de l’homme, afin d’identifier les responsables et de les traduire en justice.
De même, la nouvelle société civile congolaise (NSCC) et le réseau des défenseurs des droits humains et de lutte contre la corruption (RDDH-LC) ont exigé une enquête indépendante, avec la participation active des défenseurs des droits de l’homme.
Ces organisations ont également réclamé l’interpellation des hauts responsables, dont le directeur de la prison, le ministre de la Justice et garde des Sceaux, ainsi que les responsables des services de renseignements civils et militaires, pour répondre de cette tragédie devant la justice.
Une commission d’enquête réclamée
Les appels à une enquête indépendante se multiplient, tant du côté de l’opposition que de la société civile. Ils insistent sur la nécessité de faire toute la lumière sur les circonstances ayant conduit à cette tragédie et de poursuivre en justice les auteurs de ce qu’ils qualifient de » carnage « . Ces événements tragiques remettent en question la gestion des prisons en RDC et la capacité des autorités à garantir la sécurité et le respect des droits humains dans ces institutions.
Dégâts matériels et conséquences humaines
Outre les pertes en vies humaines, l’incident a également entraîné des destructions matérielles considérables. Le ministre de l’Intérieur a signalé l’incendie de plusieurs infrastructures de la prison, y compris le bâtiment administratif, le greffe, l’infirmerie et les dépôts de vivres. Malgré ces destructions, Jacquemain Shabani a assuré que la situation à la prison était désormais sous contrôle, mais a reconnu que les enquêtes devaient se poursuivre pour déterminer les responsabilités.
Le drame de Makala est perçu comme un symptôme des problèmes plus profonds qui minent le système carcéral congolais, marqué par la surpopulation, le manque d’hygiène, la violence et les conditions de détention inhumaines. Ces problèmes, longtemps ignorés, reviennent aujourd’hui en force dans le débat public.
Christian-Timothée MAMPUYA