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FACE AU DEPEUPLEMENT DONT LA RDC EST VICTIME : Justin Kiela invite le président Félix Tshisekedi à convoquer un dialogue inclusif
* »Il faut qu’on arrête d’investir dans la guerre », suggère le Président national du parti Vent d’avenir.
Membre de l’Union Sacrée de la Nation, président national de Vent d’Avenir – un parti du Centre droit -, Me Justin Kiela est Avocat au barreau du Haut-Katanga. Préoccupé par la guerre qui décime une grande partie de la population congolaise et ruine l’économie du pays, il préconise la voie du dialogue et de la réconciliation entre fils et filles de la République démocratique du Congo. Solution qu’il estime la moins onéreuse et qu’il recommande au Président Félix-Antoine Tshisekedi, comme garant de la Nation, pour épargner le plus de vies. Au quotidien »Forum des As », il dévoile son plan de paix.
Me Justin Kiela, vous êtes avocat de formation et actif comme opérateur politique. Concrètement, à quand remonte votre entrée en politique ?
Je suis entré en politique il y a de cela dix ans. J’ai travaillé au moins deux fois comme ministre provincial. Particulièrement dans la province du Haut-Katanga. J’ai aussi œuvré comme Président du Conseil d’administration (PCA) du Centre d’Expertise, d’Evaluation et de Certification des Substances minérales précieuses et Semi-précieuses (CEEC). A ce jour, je continue à travailler pour la République, notre mère. Je reste ainsi un opérateur politique actif, assoiffé de contribuer à la marche de la Nation. Je ne mâche donc pas mes mots quand il s’agit d’analyser les questions de la République. J’y vais avec beaucoup d’enthousiasme et de patriotisme.
Qu’est-ce qui vous a motivé à embrasser la politique ?
La motivation première, c’était de travailler pour la patrie, donner ma contribution pour l’avancement de mon pays. Parce que, rassurez-vous, d’ici cent ans, personne de notre génération ne sera là. Et donc dans quel état va rester ce pays ? Formé scout dès ma jeunesse – mon totem, c’est »le Pélican charitable »- , je reste fidèle au principe selon lequel »Il faut laisser le monde meilleur qu’on l’a trouvé »… Voilà pourquoi je travaille pour que l’environnement socio-politique de mon pays puisse s’améliorer, afin que les générations futures puissent trouver ce pays ne fut-ce que sur les rails…
Pour le moment, vous êtes à la tête d’un parti. Pouvez-vous nous éclairer sur la quintessence de cette formation politique ?
Je suis effectivement l’initiateur et le président en exercice de »Vent d’Avenir », un parti du Centre droit qui existe depuis deux ans et demie. A ce jour, le parti est implanté dans 22 provinces sur les 26 que compte la République démocratique du Congo. A l’étranger, le dernier pays qui vient de nous rejoindre, c’est l’Île Maurice. Lorsque nous avons tenu notre Congrès ici à Kinshasa, les délégations sont venues de la France, de la Belgique, des Philippines, du Lesotho, d’Afrique du sud, du Burundi, de la Zambie, de la Tanzanie… On a vu affluer des compatriotes qui représentent le parti et qui sont venus participer à ce Congrès. Nous sommes donc bien représentés à l’étranger…
La RDC vient de commémorer le 30 juin dernier sa 64ème année d’indépendance. En tant qu’acteur politique, quelle lecture faites-vous de cette commémoration ?
64 ans de l’indépendance de la RDC, c’est 64 ans de l’image que nous avons du pays aujourd’hui. C’est, en fait, l’image d’un homme âgé de 64 ans, mais inutile, mal en point, qui recherche encore des horizons prometteurs. Alors que 64 ans, c’est le début de la sagesse. On approche la retraite, on a déjà investi, on a déjà ses enfants à l’université, on a sa maison où reposer sa tête, on a son petit champ pour s’occuper pendant sa retraite, ce n’est pas cela la RDC. 64 ans de la RDC, c’est 64 ans de plusieurs rébellions. C’est 64 ans de sécession. C’est 64 ans de tribalisme. C’est 64 ans de mille partis politiques… Le plus gros de bénéfices, c’est le nombre élevé des partis politiques. Ça devrait nous inquiéter, nous interpeler, nous parler… Et si personne n’entend les cris de la République, la République se vengera contre toute une génération…
Est-ce la politique qui a tout gâché ?
Aujourd’hui, faire de la politique dans notre pays s’apparente à la recherche de l’emploi, c’est malheureux ! Tout le monde ne devrait pas faire la politique. La politique, c’est un sacerdoce. Elle est destinée à ceux qui lui sont compatibles. A ceux qui en ont les nerfs. Aujourd’hui, la politique, c’est l’arène des gladiateurs à l’insulte facile. Les gens qui veulent se mettre sur la sellette doivent s’insulter, parler de la vie privée des autres acteurs politiques… Malheureusement, ce n’est pas cela la politique. Il faut en avoir la vocation. On ne vient pas, en se réveillant, se dire qu’on est politique ! Quand on sort de la RDC, tout le monde fait le constat : on n’a pas encore décollé ! On n’est même pas dans l’aéronef !
Que préconisez-vous alors ?
Il est temps qu’on s’asseye. Qu’on revoie certaines lois. Qu’on s’assigne des seuils de développement à atteindre. Il est temps de mettre un plan de développement interne, local, en exercice. Parce que la divergence politique, c’est une divergence d’opinions ! Cette divergence devrait être considérée comme l’ensemble de contributions pour que le pays aille de l’avant. Je crois qu’il est temps qu’on mette nos divergences, non pas de côté, mais ensemble. Mettre nos divergences de côté, ce n’est pas aider ce pays. C’est-à-dire que chacun aille dans son coin et se mette à parler de la République comme il l’entend. Mettre les divergences ensemble, c’est aussi travailler ensemble. C’est ça aimer la République ! Vous pouvez naître dix dans une famille et ne pas avoir nécessairement la même vision ! Quand il y a deuil ou fête, vous vous retrouvez tous en tant que fils et filles d’une même famille !
A votre avis, faudrait-il amorcer le dialogue au moment où des localités continuent à tomber entre les mains des assaillants ?
Je salue, de prime abord, l’adresse du chef de l’Etat faite le 30 juin. En même temps, j’estime qu’il faut qu’on arrête d’investir dans la guerre. Parce que, jusque-là, les résultats ne sont pas satisfaisants jusqu’ici. Le Président, c’est le garant de la Nation. Le garant de la Nation défend la patrie. En même temps, nous sommes dans un contexte où nous perdons des compatriotes. Nous sommes en train de faire dépeupler la République. Nous sommes en train de pécher contre notre hymne national, notre hymne sacré. Nous avons promis à la République de la peupler. Mais curieusement, elle est en train d’être dépeuplé. J’en appelle à tous les opérateurs politiques dignes de ce nom de rejoindre le Président de la République pour voir dans quelle mesure convoquer un dialogue national inclusif…
Pouvez-vous être plus explicite ?
Parlons de la République. Ne parlons pas de région. Ne parlons pas de tribu. Cette fois-ci, je voudrais inviter la classe politique, non pas à mettre ses divergences de côté, mais à les mettre ensemble pour l’intérêt de la République… En fait, la guerre n’a jamais engendré un joli bébé. Elle apporte son lot de malheur et à l’agresseur et à l’agressé… Monsieur le Président, essayons de nous enfermer entre nous. Parlons République. Je vous crois un grand homme. Par les deux occasions que j’ai rencontré le chef de l’Etat, que j’ai échangé avec lui, je sens un homme bien ! Mais, quand on voit ce qui se passe après, je comprends que c’est un homme abusé. On profite de sa bonne foi, de sa bonne éducation. Il se confie à des personnes expérimentées dans les complots contre la République. Que ceux qui se croient intelligents et capables mettent des armes de côté. Qu’ils viennent, qu’on dialogue, qu’on discute… Développons la République !
Si le Président Félix Tshisekedi accepte de convoquer le dialogue national, à quels médiateurs auriez-vous souhaité recourir pour réunir les Congolais autour d’une table ?
Déjà, je rejette l’idée d’inviter les chefs religieux comme personnalités neutres. Puisque toutes ces personnalités religieuses ont des tendances politiques déguisées. J’estime qu’on devra les inviter comme parties prenantes au Dialogue national. Ce, d’autant que le monopole d’interpellation ne leur appartient pas. Ce qu’ils ont à dire, qu’ils viennent les dire là-bas. Parce que si on les appelle pour être au milieu, ils ne savent même pas où se trouve le milieu ! Qu’il s’agisse des évêques catholiques ou des pasteurs des églises de réveil, chacun a sa tendance politique ! Qu’on ne se voile pas la face…
Qui suggérez-vous concrètement ?
Je propose des personnalités de la région, pétries de sagesse et capables. Il faudra ici avoir un collège de ceux qui peuvent réfléchir ! Comme institution, je pense, par exemple, au Vatican. Pas à la Cenco. Qu’on nous trouve quelqu’un de capable qui peut présider. Je pense au Président tanzanien Jakaya Kikwete, qui a fait son travail et continue à travailler normalement pour la région, pour la SADC. Je pense également à une personnalité comme Abdou Diouf, qui a fait son temps, qui a un carnet d’adresses, qui a une voix qui peut encore être portée. Je pense également au Président d’en face, Denis Sassou Ngouesso. Il a la mémoire de la région. Il connaît à peu près les problèmes qui nous rongent. Je crois que la guerre chez nous ne lui profite pas. La liste n’est pas exhaustive… Dans ce dialogue-là, si l’Eglise catholique locale viendra, ce sera comme partie prenante. Pas comme arbitre. Puisque tous les évêques ont, chacun, un ami politique. La neutralité ne va pas opérer. Parce que, eux aussi critiquent. On pense qu’ils ont des choses sur le cœur à dire. Nous devrons prendre des personnalités qui ne sont pas liées directement à la question du Congo.
Propos recueillis par Yves KALIKAT