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"Dialogue sincère" : Fatshi accepte la main tendue de Fayulu
* Patrick Muyaya met en garde contre les tentatvices de "congoliser" la guerre.
Hier ennemis irréconciliables au lendemain des élections contestées de 2018, aujourd’hui potentiels alliés face à la désintégration annoncée du pays. Ce scénario qui aurait paru totalement irréaliste il y a quelques mois encore, se joue désormais sous les yeux de la Nation congolaise, sidérée, mais aussi pleine d’espoir.
Ils étaient des adversaires farouches. Martin Fayulu n’a jamais reconnu la victoire de Félix Tshisekedi, l’accusant d’avoir été imposé à la tête du pays à la suite d’un “compromis à l’africaine” avec Joseph Kabila. Durant plus de cinq années, tout semblait les opposer. L’un dénonçait l’usurpation du pouvoir, l’autre gouvernait sans jamais tendre la main à celui qui s’estimait lésé par l’Histoire. Et pourtant, en ce début de juin 2025, le destin semble vouloir les rapprocher. Non par affinité politique. Non par calcul électoral. Mais par nécessité nationale.
Lundi 2 juin, dans une courte vidéo de moins de trois minutes, le leader de l’ECiDé n’a pas mâché ses mots. Son regard, direct. Sa voix, ferme. Il s’est adressé à Félix Tshisekedi non comme un opposant, mais comme un compatriote inquiet pour l’avenir d’une Nation qui vacille.
Une RDC au bord de la dislocation
Martin Fayulu évoque une RD-Congo au bord de la dislocation, rongée par l’insécurité dans l’Est, où les groupes armés dont le M23 gagnent du terrain jour après jour. Il parle de la balkanisation, ce spectre qui hante le pays depuis 1960, et qui, selon lui, n’a jamais été aussi proche de se concrétiser.
« Monsieur Tshisekedi, Vous avez le devoir de ne pas laisser notre génération être celle qui aura vu le Congo se désintégrer. J’en appelle à un sursaut d’honneur et de responsabilité. Je veux vous voir, non pas pour une faveur, mais pour une discussion directe, sans faux-semblants, sans compromission mais par patriotisme, afin de trouver une issue digne à cette crise existentielle », a lancé Martin Fayulu.
Fayulu ne cherche ni faveur ni compromis
Martin Fayulu ne cherche ni faveur ni compromis. Il réclame un dialogue direct, sincère, sans masque, entre patriotes qui refusent de regarder leur pays sombrer dans la fatalité. L’heure, selon lui, n’est plus aux calculs politiques, mais à la recherche d’une issue digne à ce qu’il qualifie de « crise existentielle ».
Puis, comme pour élever le débat au-dessus des querelles partisanes, Fayulu convoque l’hymne national. Non pas comme un chant appris par cœur, mais comme un manifeste de combat. « Oui, s’il faut mourir pour que le Congo renaisse, alors mourons. Mais que notre mort soit utile », lance-t-il.
Citant Debout Congolais
Sa voix s’élève, à la fois vibrante et déterminée, comme celle d’un homme qui veut réveiller un peuple longtemps résigné. « Dressons nos fronts longtemps courbés », dit-il, citant Debout Congolais, non comme un simple rappel, mais comme un cri de ralliement.
« Oui, s’il faut mourir pour que le Congo renaisse, alors mourons. Mais que notre mort soit utile. Que ce combat soit celui de la résurrection nationale. Peuple congolais, ’Dressons nos fronts longtemps courbés, ces paroles de notre hymne national ne doivent plus rester des mots vides. Face au danger de mort, le sauvetage est la seule issue. Levons-nous, unis, tous ensemble. Soyons déterminés. Refusons la fatalité. Choisissons la patrie. Construisons enfin cette cohésion nationale, fruit espéré de tant de sacrifices, que le sang versé n’a jamais vu naître. Le Congo nous appelle. Le Congo nous attend. Le Congo a besoin de chacun de nous. Nous avons besoin de cohésion nationale », a interpellé Martin Fayulu.
Tshisekedi accepte de rencontrer Fayulu
Quelques heures seulement après l’appel au dialogue lancé par l’opposant Martin Fayulu, le président Félix Tshisekedi a accepté cette main tendue, ouvrant ainsi une possible voie vers une résolution pacifique de la crise profonde qui menace la République démocratique du Congo. Sur son compte X, Tina Salama, porte-parole du chef de l’État, a salué ce geste en ces termes.
« Le Président de la République salue le patriotisme et le sens d’engagement pour la cohésion nationale affichés par M. Martin Fayulu affirme sa disponibilité à le rencontrer pour sauver la République de la prédation qui menace nos institutions et notre intégrité territoriale », a-t-elle annoncé.
Le geste n’est pas anodin. Car, depuis plusieurs mois, le chef de l’État multiplie les appels au rassemblement. Il a lancé, en février dernier, des consultations en vue de former un gouvernement d’union nationale.
Mais, ces démarches ont été boudées par les principales figures de l’opposition. Fayulu, Katumbi, Sessanga, Kabila... Tous ont décliné l’invitation, dénonçant des manœuvres politiciennes, des consultations de façade. La main tendue de Fayulu, aujourd’hui, sonne donc comme un dialogue.
Le gouvernement congolais se montre réceptif
De son côté, le gouvernement congolais se montre réceptif à la main tendue de Martin Fayulu. Quelques heures après l’appel au dialogue lancé par le leader de l’Ecidé, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a salué ce geste comme « un acte patriotique» de haute portée au moment où la République démocratique du Congo sombre dans une crise existentielle.
S’exprimant lors d’un briefing presse tenu dans les locaux de la RTNC, le ministre de la Communication et Médias n’a pas caché sa satisfaction. Pour lui, la demande d’une audience directe adressée au président de la République par Martin Fayulu ne peut être comprise que comme la matérialisation de l’appel de la nation à l’unité face à une menace de fragmentation du pays.
« L’honorable Martin Fayulu a posé un acte de patriotisme», a déclaré Patrick Muyaya. «Aujourd’hui, nous avons besoin de faire un bloc de patriotes qui vont mettre fin à toute initiative tendant à offrir une quelconque forme de légitimation de ce que fait le Rwanda en RDC, sous des prétextes fallacieux », a-t-il commenté.
Cet appel rejoint la volonté de Fatshi
Pour Patrick Muyaya, cet appel rejoint la volonté clairement exprimée par le président Félix Tshisekedi lors de la rencontre du 22 février avec les députés nationaux, à l’occasion du lancement des consultations en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale.
« Souvenez-vous que le Président avait, ce jour-là, tendu la main à tous les Congolais de bonne volonté, désireux de préserver ce que nous avons reçu de nos pères fondateurs : une République indivisible, dans ses frontières héritées de la colonisation. L’honorable Fayulu entre aujourd’hui dans cette logique», a déclaré Muyaya.
L’appel de Fayulu à un dialogue direct avec le chef de l’État survient, alors que le pays traverse une phase critique avec l’activisme du groupe rebelle M23, appuyé par le Rwanda, qui occupe une partie du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Muyaya va plus loin et met en garde contre les tentatives de « congoliser » une guerre pourtant orchestrée depuis l’extérieur. « Nous assistons à la formation d’un bloc autour de ce que j’appelle l’axe du mal. Il est temps de constituer un bloc des patriotes, ceux qui refusent de pactiser avec l’ennemi, ceux qui se battent pour l’intégrité de la nation », a indiqué Patrick Muyaya, convaincu qu': « Il faut considérer que c’est la survie de notre pays qui est engagée. L’heure n’est plus aux querelles, mais à l’union sacrée autour du Congo. »
« Je suis Congolais, il est Congolais »
Ce discours fait écho à l’interview accordée par Fayulu à Radio France Internationale le 9 mai dernier, dans laquelle il s’était déjà dit prêt à dialoguer avec Félix Tshisekedi. « Je suis Congolais, il est Congolais. J’accepterai les résolutions qui sortiront de ce dialogue parce que j’y contribuerai », avait-il affirmé, quelques jours après avoir signé une déclaration commune avec Joseph Kabila, Moïse Katumbi et Delly Sesanga en faveur d’un dialogue national.
Interrogé sur ce changement d’attitude par rapport à ses positions antérieures, l’opposant clarifie. « Je n’ai pas d’ennemi. J’ai signé avec Kabila, comme demain je pourrais signer avec Tshisekedi pour sauver le Congo. » Une déclaration qui tranche nettement avec ses anciennes accusations de fraude électorale contre les deux anciens présidents.
Un dialogue sincère et profond entre Congolais
Fayulu rejette l’idée d’un gouvernement d’union nationale, bâti sur des bases opaques. Pour lui, toute initiative de rassemblement doit être précédée d’un dialogue sincère et profond entre Congolais. Il plaide pour "une réunion de vérité, de réconciliation et de cohésion nationale » encadrée par les confessions religieuses, seule garantie selon lui d’une paix durable.
Mais Fayulu ne s’est pas contenté d’un constat. Il a interpellé trois figures, trois noms : Corneille Nangaa, Joseph Kabila, y compris Tshisekedi.
À l’ancien président de la CENI devenu aujourd’hui le visage politique du groupe rebelle AFC/M23, il demande de cesser d’être « complice des massacres ». À Joseph Kabila, installé à Goma alors que la ville est sous influence rebelle, il enjoint de « quitter cette ville martyre » et d’arrêter toute compromission avec les «forces ennemies ».
Christian-Timothée MAMPUYA